Energie solaire : trop de projets tuent le filon.

L'engouement suscité par l'énergie solaire photovoltaïque a dépassé les prévisions du gouvernement. Utiliser l'énergie du soleil pour chauffer son logement et son eau est devenu à la mode chez les particuliers qui peuvent consommer pour eux même et injecter dans le réseau tout ou partie de leur production. Le rachat de l'électricité solaire par EDF est une mesure fortement incitative, mais aujourd'hui l'électricité produite n'est pas compétitive avec celle du réseau. La filière photovoltaïque a profité depuis 2 ans du soutien porté au solaire par l'Etat, mais ce soutien représente aujourd'hui un risque financier majeur et conduit le gouvernement à geler tous les projets de fermes photovoltaïques en instaurant un moratoire pour les 3 premiers mois de l'année 2011.

Au 30 juin 2010, le parc photovoltaïque français dépassait les 500mégawatts, soit une augmentation de près de 70% par rapport à fin 2009. A fin septembre, le chiffre atteignait 700 mégawatts crête (MWc) entre les installations domestiques et celles du secteur agricole. Ce rythme de développement est trop rapide au regard du coût que l'énergie solaire photovoltaïque représente aujourd'hui en l'état actuel de la technologie : le photovoltaïque est la plus coûteuse des énergies renouvelables, et a sa part de responsabilité dans le déficit de la balance commerciale française (2% du déficit soit 800 millions d'euros en 2009). L'équipement est en grande majorité importé d'Allemagne mais surtout de Chine, la filière française est trop peu développée pour tirer profit de la forte demande à court terme.

Trop de solaire tue le solaire : la liste de projets impressionne avec près de 4 900 MWc en attente entre les particuliers et les professionnels, soit 7 fois plus qu'aujourd'hui. Pour mémoire, l'objectif à l'horizon 2020 est fixé à 5 400 MWc. Après deux baisses des tarifs de rachat de l'électricité solaire en 2010, l'Etat impose un moratoire de 3 mois à la filière, le temps de trouver des solutions en concertation avec les professionnels… et arrêter de trop taxer les consommateurs qui subissent les augmentations sensibles du kW du réseau pour compenser le soutien au solaire.

Les professionnels du secteur n'ont pas tardé à monter au créneau pour manifester leur vif mécontentement et ont même déposé plusieurs recours en annulation devant le conseil d'Etat contre le décret du 9 décembre instaurant le moratoire. Mais surtout, l'annonce que la plupart des projets en attente est issue de la filiale d'EDF, EDF EN, n'est pas pour calmer l'agacement des industriels. La première réunion de concertation aura lieu le 20 janvier prochain.